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Les femmes de la vie de Rousseau entre Rhône et Alpes

La fessée de Mlle Lambercier

« Qui croirait que ce châtiment d'enfant, reçu à huit ans par la main d'une fille de trente, a décidé de mes goûts, de mes désirs, de mes passions, de moi pour le reste de ma vie, et cela précisément dans le sens contraire à ce qui devait s'ensuivre naturellement ? »

i4 C’est à Bossey, petit village des environs de Genève, situé au pied du Mont Salève, que se joue la scène devenue illustre dans le monde de la littérature et de la psychanalyse : la fessée de Mlle Lambercier. Jean-Jacques Rousseau a 10 ans (et non pas 8), lorsque son père le confie au pasteur Lambercier. Gabrielle, la sœur du Pasteur est chargée de seconder celui-ci dans l’éducation de l’écrivain. Elle est entrée dans l’histoire grâce à deux fessées, administrées à Rousseau en signe de punition mais lui procurant involontairement ses premiers « plaisirs des sens » car il avait « trouvé dans la douleur, dans la honte même, un mélange de sensualité qui [lui] avait laissé plus de désir que de crainte de l'éprouver derechef par la même main ».

 

Les demoiselles de Thônes et l’idylle des cerises

« Que mes lèvres ne sont-elles des cerises ? »

 Le 1er juillet 1730, une semaine après la fête de la Saint Jean, Rousseau se trouve à Annecy où il s’attendait à retrouver Mme de Warens. Se réveillant avec « l’aurore…si belle » il décide d’entreprendre une excursion dans la campagne. Il rencontre en chemin deux cavalières de sa connaissance, Mesdemoiselles Galley et Graffenried, se rendant à Thônes, à une vingtaine de kilomètres d’Annecy.
Les aidant à traverser le ruisseau, il les accompagne ensuite sur le cheval de Mlle de Graffenried, rapprochement qui électrice le jeune homme émotif.
L’idylle des cerises fait référence à un épisode qui a lieu après le repas, les demoiselles décidant d’aller dans le verger manger des cerises. Rousseau grimpe dans l’arbre pour les cueillir. Il décrit cette scène comme un charmant tableau plein de tension amoureuse. Cette journée n’aura finalement pour aboutissement qu’un simple baiser sur la main de mademoiselle Galley : « ceux qui liront ceci ne manqueront pas de rire de mes aventures galantes, en remarquant qu’après beaucoup de préliminaires, les plus avancées finissent par baiser la main. »

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Mme de Larnarge

« Et je puis dire que je dois à Mme de Larnage de ne pas mourir sans avoir connu le plaisir. »

i8 En 1737, Rousseau se pense atteint d’un polype au cœur et décide d’aller consulter un médecin à Montpellier. Le 14 septembre, en se faisant passer pour un citoyen anglais sous le nom de Dudding, il rencontre Mme de Larnage à Moirans. Le voyage se poursuit par Saint-Marcellin, Romans, Valence et Montélimar. Leur « intelligence » commence à l’hôtel du Grand-Saint-Jacques à Valence. Ils se quittent à Pont-Saint-Esprit sur la promesse de se revoir pendant l’hiver. Mais Rousseau regagnera Chambéry sans passer chez Mme de Larnage, qui incarnera à tout jamais le plaisir de la passion sans lendemain.



  Rousseau et les femmes, voyage intime en Rhône-AlpesL’amante et l’épouse